FIC 2022 : intervention de Jean Peeters sur la réalité virtuelle

“La virtualité : la réalité de demain ?”

Jean Peeters, Titulaire de la Chaire, a participé à l’atelier PhilosoFIC, organisé le 8 juin par le Centre de recherche de l’EOGN (CREOGN) dans le cadre du FIC 2022.

“La virtualité : la réalité de demain ?”. C’est sur ce thème, introduit par le général Marc Watin-Augouard, que se sont exprimés les trois intervenants :

  • Françoise Longy, maître de conférences à l’Université de Strasbourg et ancienne directrice du département de philosophie,
  • Cécile Doutriaux, avocate, fondatrice du cabinet Juris Défense Avocats, membre de la Chaire Cyberdéfense et Cybersécurité Saint-Cyr, et Auditrice de l’IHEDN,
  • Hervé Le Jouan, fondateur d’entreprises liées aux nouvelles technologies et gérant d’Hervé Le Jouan Advisory.

Jean Peeters a conclu les échanges en en proposant une synthèse et une mise en perspective.

Le sujet a été abordé sous différents angles. Françoise Longy a porté une vision philosophique de la virtualité, tandis que Cécile Doutriaux s’est intéressée aux droit appliqué aux avatars et au métavers, et qu’Hervé Le Jouan s’est concentré sur les ruptures apportées par le Web3.

On retiendra de ces interventions que la virtualité est constitutive de la nature même de l’humanité depuis que le langage a permis l’émergence de la fiction. La réalité virtuelle constitue cependant, telle une nouvelle révolution technologique et humaine, un dépassement de cette humanité tant elle va au-delà de la simple simulation du réel.

Cela n’est pas sans écho avec l’utilisation d’avatars par lesquels on s’incarne dans un personnage virtuel. Or, seule la personne physique ou morale est sujette du droit. Dès lors, quelle posture adopter quand des infractions sont commises par des avatars dans le métavers ? Car évidemment, ce qui se passe dans une réalité virtuelle a des répercussions tangibles sur la réalité physique et sociale des personnes. Ainsi, le droit, qui s’appuie sur des textes, doit pouvoir protéger les personnes en tout lieu, qu’il soit réel ou virtuel. Il s’agit donc d’adapter rapidement le droit à cette nouvelle donne, tout espace se devant d’être réglementé.

Cependant, la révolution numérique va vite, très vite. A l’image des smartphones, qui depuis leur apparition il y a moins de 15 ans nous sont devenus indispensables au quotidien, au point de générer de réelles situations de dépendance, la réalité virtuelle nous plonge d’ores et déjà dans une nouvelle rupture technologique, aidée par la rapide émergence du Web3. Cette nouvelle révolution peut sembler effrayante, tant elle bouscule nos repères et notre besoin de maîtrise de notre environnement.

Elle suscite de nombreux questionnements :

  • Économique : devrons-nous nous résoudre à rester dépendants de technologies exclusivement détenues par les quelques principaux acteurs du numériques américains et chinois, ou pouvons-nous et voulons-nous nous donner les moyens de faire émerger des acteurs français et européens, créateurs de valeur ?
  • Politique : continuerons-nous à laisser ces entreprises aspirer nos données et rogner notre souveraineté ?
  • Éthique et culturelle : accepterons-nous que les valeurs de ces entreprises s’imposent à nous et régissent les futures normes sociales ?

En définitive, la réalité virtuelle interroge autant notre humanité que notre régulation sociale, notre système de valeurs, notre propriété ou encore notre capacité à décider pour nous-mêmes.

En ce sens, sécuriser la réalité virtuelle dans ses différentes dimensions a partie liée avec la cybersécurité.

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